Plantes et végétaux nuisibles pour la santé 2/3
- Publié le : juin 7, 2025
- Modifié le : 07 juin 2025
Souvent vu comme un espace de bien-être aux multiples vertus et appréhendé selon un angle avant tout esthétique et pratique, le jardin peut aussi être un espace impactant votre santé, celle de vos proches et de vos animaux de compagnie.
C’est pourquoi nous avons décidé de consacrer une série d’articles qui seront publiés, au cours des prochaines semaines, aux dangers insoupçonnés de nos jardins.
Allergisantes, urticantes, coupantes, photosensibilisante ou véritables poisons, les plantes peuvent autant être nos alliés que de redoutables dangers pour toute la famille. C’est pourquoi il est important de bien connaitre les plantes qui s’épanouissent dans nos jardins et d’identifier celles pouvant constituer un risque sanitaire.
Après un premier article consacré aux allergies et aux végétaux qui en sont à l’origine, le second article de cette série sera consacré au jardin hypoallergénique et aux alternatives permettant un compromis entre esthétique et qualité de vie en plein air pour tous.
PARTIE 2
Un jardin hypoallergénique, Mirage ou véritable atout pour une meilleure qualité de vie ?
Dans la première partie de notre série d’articles consacrés aux dangers de nos jardins, nous avons fait le point sur les différentes allergies occasionnées par les plantes et quels sont les végétaux les plus souvent mis en cause.
Aujourd’hui, nous allons essayer de voir si des solutions existent pour améliorer la qualité de vie des personnes allergiques en réduisant les concentrations de pollens de nos espaces extérieurs. Nous nous intéresserons alors au concept de jardin hypoallergénique.
En quoi cela consiste ? Est-ce vraiment efficace ? Et donc, quels compromis par rapport à l’esthétique souhaitée ?
Pas toujours facile de s’y retrouver, c’est pourquoi nous allons essayer de débroussailler un peu tout ça !
Avant tout, revenons aux bases et faisons le point sur ce concept assez novateur, sur quels piliers il repose et ses limites.
Sommaire
Qu’est-ce qu’un jardin hypoallergénique ?
Définition !
L’objectif d’un jardin hypoallergénique est de concevoir un espace extérieur limitant les concentrations de pollens. En limitant ainsi l’exposition, on limite de fait le risque allergique.
Le jardin hypoallergénique repose ainsi sur trois leviers à adapter en fonction des besoins de chacun :
-
Favoriser des espèces végétales à faible émission de pollen
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Repenser l’aménagement des espaces verts
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Adopter des pratiques d’entretien adaptées
Attention toutefois, un jardin, même conçu de la manière la plus hypoallergénique possible, pourra atténuer ou limiter les réactions allergiques causées par les pollens, mais ne sera pas une solution miracle. Car, il n’est juste pas possible de contrôler tous les pollens présents dans l’air de nos jardins. En revanche, il sera une excellente solution aux allergies de contact !
Voilà pour la théorie, maintenant voyons comme cela est transférable à vos jardins !
Végétaux à faible émission pollinique :
qu’est-ce-que c’est et comment les choisir ?
Une question de reproduction…
Chez les végétaux, on trouve deux catégories : les grands timides, plutôt réservés et les très généreux, un peu trop expansifs.
Les premiers ont fait le choix d’une reproduction dite par entomogamie. La reproduction se fait alors par l’intermédiaire d’insectes, notamment les abeilles, qui vont transporter le pollen des organes de reproduction mâles (étamines) vers les organes de reproduction femelles (pistils). Ces végétaux vont non seulement participer à créer de véritables havres pour les insectes pollinisateurs, mais ils vont aussi réduire la quantité de pollens dans l’air. Ces derniers, ayant fait le choix d’un transport direct à destination par un tiers de confiance, n’ont pas besoin de produire de grandes quantités de pollens pour garantir leur reproduction.


Les seconds ont, quant à eux, décidé de ne compter que sur eux-mêmes… enfin presque.
Ici, pas de tiers, si ce n’est le vent, on parle alors de reproduction par anémogamie. Les plantes vont ensuite émettre de très grandes quantités de pollens extrêmement volatiles. Celui-ci sera ainsi transporté au bon vouloir du vent. Plus la quantité de pollens est importante, plus les chances de fertilisations sont élevées. Le pollen de ce type de plantes, profilé pour voguer sur les rafales, est ainsi capable de se répandre sur plusieurs kilomètres portés par les vents.
En toute logique, ce sont ces petits coquins qui sont les principaux responsables des allergies aux pollens. Ainsi, en favorisant plutôt des plantes et des arbres ayant opté pour l’entomogamie, vous réduisez déjà considérablement la quantité de pollens dans l’air.
Quelques idées de plantes hypoallergéniques
Dans le premier volet de cette série d’articles consacrés aux végétaux nuisibles pour la santé qui peuplent nos jardins, nous avons abordé les principales plantes à éviter pour limiter les risques polliniques. La liste n’était évidemment pas exhaustive, mais regroupait les plantes les plus courantes, tant pour les allergies aux pollens que pour les allergies de contact . Voyons à présent les plantes qui, à l’inverse, sont de bonnes candidates pour un jardin hypoallergénique.
Pour les irréductibles de l’effet « nature sauvage » des graminées, il existe des alternatives pas ou très peu allergisantes, mais avec un vrai rendu esthétique aussi léger et aérien que les graminées. On peut citer par exemple les carex, classés parmi les graminées ornementales, mais qui n’appartiennent pas à la famille botanique des graminées. On trouve aussi les miscanthus, panicum, briza, molinia caerulea, stipa tenuifolia, imperata cylindrica, festucca glauca ou les pennisetum.
Ces végétaux, dont la floraison est tardive, possèdent des pollens dits « lourds » qui vont arriver très vite au sol et donc représentent un risque allergique beaucoup plus modéré sans sacrifier l’esthétisme.
De manière générale, vous pouvez aussi opter pour des plantes à fleurs dont vous pouvez retrouver quelques idées de plantation ci-dessous. Mais gardez à l’esprit que la diversité reste le mot clé d’un meilleur jardin pour notre santé.
Diversifier les végétaux comme levier pour notre santé :
On n’y pense pas toujours, mais au-delà de l’élimination pure et simple de telle ou telle plante, parfois en réduire le nombre ou la concentration peut être une première solution. La réactivité à un pollen étant en partie liée à sa concentration dans l’air, diversifier les végétaux pour réduire les concentrations locales de pollens spécifiques peut être un vrai compromis. Ainsi, un plan de graminées isolé au fond du jardin n’aura bien évidemment pas le même caractère allergisant qu’un bosquet complet ou que le champ de blé d’à côté !
Petit bonus, la diversification des végétaux favorisera également la biodiversité et la résilience face aux maladies (sauf dans des cas comme l’ambroisie qui, elle, n’a besoin que d’une très faible concentration de pollens dans l’air pour être très allergisante).
Le saviez-vous ?
Certains pollens plus lourds ne se propageront qu’à l’échelle des jardins voisins. C’est pourquoi, même si cela ne sera pas parfait, bien choisir les plantes de son jardin peut faire une réelle différence pour tous. Mais aussi limiter les conflits de voisinage !

Repenser l’aménagement de son jardin :
des pratiques simples pour limiter l’exposition
Souvent sous-estimé, l’agencement de vos espaces verts peut renforcer ou atténuer les effets des allergènes. Bien pensé, le jardin peut devenir un allié de taille pour limiter les concentrations locales de pollens ou éviter le contact avec des végétaux irritants. En créant des « zones tampons », par exemple, qui vont limiter les courants d’air, vous réduisez la circulation et l’accumulation de pollens extérieurs dans votre jardin. Haies brise-vent, murs végétalisés sont ainsi des alliés généralement oubliés de la lutte allergique. Ils sont particulièrement utiles si une espèce allergisante est présente chez les voisins ou dans l’environnement proche.
Comme autre solution, il est possible d’éloigner les plantes à risque des zones de vies. Autour de votre terrasse, sur un balcon ou dans vos zones de partage, faites le choix de repenser les végétaux qui peuvent être à porter de peau ou de narines. Créer des « zones refuges » sans plantes à risques est essentiel.
Pour limiter le temps passé avec le « nez dedans », vous pouvez prévoir des zones qui contiennent des végétaux à faibles entretiens en favorisant la verticalité ainsi que les paillages. Les jardins verticaux, les treillages végétalisés avec des plantes grimpantes non allergènes comme les clématites ou les passiflores permettent de végétaliser sans surcharge pollinique.
De plus, en limitant les surfaces en gazon classique, souvent composé de graminées fortement allergisantes, il est préférable d’opter pour des dalles gravillonnées ou des paillis organiques (écorces et copeaux). Ces solutions freinent aussi la germination des adventices allergènes comme les ambroisies ou les chénopodes.
Après avoir vu les trois piliers du jardin hypoallergénique, nous allons voir de manières concrètes comme cela peut se réaliser dans nos jardins sans compromettre l’esthétisme.
Pour un jardin hypoallergénique,
entre Inspirations et idées concrètes
Maintenant que nous savons comment créer un jardin hypoallergénique en choisissant des végétaux adaptés et en repensant nos pratiques et nos espaces, voyons concrètement comment allier esthétique, diversité et confort de vie.
Le jardin méditerranéen :
Le jardin méditerranéen, comme son nom l’indique, va contenir des éléments à la fois dis sec comme des pierres par exemple, mais aussi des plantes de types cactus mais, pas que. Bien sûr, si vous êtes dans les Yvelines, à Saint-Arnoult-en-Yvelines ou près d’Achères-la-Forêt, votre jardin doit s’adapter aux conditions climatiques locales. Mais avec des étés de plus en plus chauds, la question de plantes résistantes à la sécheresse ainsi que l’utilisation de paillages minéraux se posent.
Les plantes et végétaux typiques du jardin méditerranéen sont des plantes résistantes, peu allergisantes avec une floraison décorative. En effet, les plantes méditerranéennes sont souvent pollinisées par les abeilles dites reproduction entomogamique. En plus de produire peu de pollens, elles dégagent habituellement de délicats parfums pour attirer les insectes pollinisateurs. De plus, leurs rusticités en font des végétaux peu sensibles aux maladies et nécessitent peu d’entretiens. Enfin, en complément d’un paillage adapté, elles offrent une grande diversité de formes, de textures et de couleurs, ce qui permet de créer une ambiance colorée et odorante… sans nuire aux personnes sensibles.

Le jardin minéral ou structuré :
Influencer par les jardins japonais, le jardin minéral ou structuré va mettre en avant des paillages naturels comme des graviers, des roches ou des galets pour créer des ambiances de jardins secs et zen. À l’esthétisme va s’ajouter le minimalisme. Vont être incorporés par touche délicate des végétaux de types bambous, anémones du japon ou encore cerisiers. En limitant le nombre de plantes et en choisissant des végétaux à faibles émissions polliniques, on diminue de facto le risque allergique.
On retrouve dans ses jardins l’Hakonechloa macra, aussi appelée « Herbe du Japon » ou « Herbe d’Hakone » qui est une graminée ornementale. Elle produit du pollen en quantité très limitée et ses fleurs ne sont pas portées par le vent. De plus, cette plante offre un feuillage souple, décoratif, qui varie du vert clair au doré selon les variétés. Sont aussi présentes les fougères comme la coniogramme emeiensis dite la fougère bambou. Bien qu’entomogames, c’est-à-dire libérant peu de pollens et donc présentant un risque allergisant moindre, certaines plantes peuvent présenter de rares allergies de contact. On peut citer par exemple l’Astilbe Japonica Peach Blossom très ornementale et très gracieuse avec ses grandes grappes de fleurs roses, ou encore le houx crênelé ( Ilex crenata) taillé en forme de nuage. En couplant les informations énoncées précédemment et avec ces deux exemples de jardins hypoallergéniques, il ne vous reste plus qu’à faire la même chose chez vous. Car agir contre la diffusion des pollens, c’est prendre soin de la santé de tous. Pour aller plus loin, des ressources et des outils sont disponibles pour tous.


Outils, conseils et
ressources utiles :
Avec la liquidation judiciaire du RNSA (Réseau National de Surveillance Aérobiologique), il est devenu difficile de trouver des contenus francophones fiables sur les allergies aux pollens, mais plus généralement sur les risques des végétaux dans les espaces verts. Jusqu’à récemment, il y avait un rapport d’étude extrêmement précieux établi par ce dernier qui listait une quarantaine de graminées ornementales les plus utilisées dans les jardins avec une classification des risques allergiques. En attendant une remise en ligne des documents ou que ce travail soit repris, il existe des ressources fiables, mais tout commence par de bonnes pratiques d’entretien.
Gestes à adopter et bonnes pratiques d’entretien du jardin :
Pour limiter le risque allergique, il est conseillé d’adopter des bonnes pratiques qui sont pour la plupart du bon sens. Voici un petit guide rapide par EcoVerde Parcs et Jardins.
Pour compléter ces bonnes pratiques, notre équipe de paysagistes a fait le tour des ressources fiables en ligne concernant les plantes représentant un danger pour la santé humaine.

Ressources fiables en ligne :

La première source officielle sur les plantes à risques est l’Observatoire des Espèces à Enjeux pour la Santé Humaine. Le site présente « les listes des espèces végétales ayant été classées réglementairement en France comme présentant un risque pour la santé humaine, si on les ingère, si on respire leurs pollens ou en cas de contact avec la peau ou les yeux ». Des informations sur la réglementation sont présentes, notamment en cas de détention de certains végétaux, mais aussi des règles de vente de ces derniers. Le site a mis en place des outils ou il est possible d’effectuer, en fonction de différents thèmes, une recherche de plantes visuellement ou par nom. De plus, une carte répertorie les zones de concentrations par végétaux au niveau national, ainsi que leurs impacts sur la santé.


On trouve également des sites associatifs comme Pollin’Air. Un réseau de sentinelles, qui mobilisent des botanistes bénévoles afin d’émettre des bulletins polliniques basés sur une observation des floraisons et des stades de pollinisation. Cependant, seules quatre régions sont concernées : l’Île-de-France, les Hauts-de-France, la Corse et le Grand Est. Dans le même sens, l’association des pollinarium sentinelle de France (APSF), en activité depuis 2011, développe un réseau de pollinarium sentinelle en partenariat avec des allergologues, des collectivités, les ARS (Agence régionale de santé) afin d’émettre, eux aussi, des bulletins polliniques. Un guide conçu en 2020 pour les professionnels du végétal, disponible en ligne, contient toutes les informations sur les plantes qui peuvent être dangereuses pour la santé humaine et leurs réglementations (liens).
Enfin, L’ANSES, (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) source officielle rattachée au Ministère du Travail de la Santé des Solidarités et des Familles a étudié les interactions entre les polluants atmosphériques – les pollens – les réactions allergiques et le pollen et le changement climatique. L’agence émet des recommandations pour prévenir le développement des plantes allergisantes.

En conlusion :
Dans cette seconde partie, nous avons vu les différents végétaux à risques polliniques moindres, mais aussi la nécessité pour la santé de tous de créer un jardin hypoallergénique. Ces espaces verts peuvent prendre la forme de jardin sec ou zen, sans renier sur l’aspect esthétique. Enfin, en cas de risque allergique élevé, il est nécessaire d’avoir de bonnes habitudes d’entretien de son jardin et de s’appuyer sur des sites de confiance. C’est ainsi que se termine cette première partie conséquente consacrée aux plantes allergisantes et aux différentes solutions qui peuvent être mises en place. Dans le prochain et dernier article de cette série, nous nous intéresserons aux plantes toxiques, urticantes et photosensibles. Si vous avez raté notre article sur les plantes allergisantes, cliquez-ici (lien du premier article).